Rhizarthrose (arthrose du pouce) : diagnostic et chirurgie
La rhizarthrose est une arthrose touchant la base du pouce, provoquant la destruction progressive du cartilage de l’articulation entre le trapèze et le premier métacarpien.
Sommaire :
Chez un patient touché par une rhizarthrose, la base du pouce devient douloureuse, ainsi que les gestes nécessitant la pince entre pouce et index, et la main se déforme progressivement.
En cas d’échec du traitement médical, le Dr Philippe Roure utilise principalement deux techniques chirurgicales pour traiter la rhizarthrose :
- la trapézectomie (ablation de l’os trapèze) associée à une ligamentoplastie (utilisation d’une partie d’un tendon pour stabiliser l’articulation),
- ou une technique mini-invasive par arthroscopie.
Diagnostic de la rhizarthrose
Qu’est-ce que la rhizarthrose ?
La rhizarthrose est une arthrose de la base du pouce. Cette pathologie est également appelée « arthrose trapézo-métacarpienne ». Elle correspond à l’usure chronique du cartilage entre le trapèze (os du poignet) et le premier métacarpien (os du pouce).
Il s’agit d’une forme d'arthrose très fréquente, et en particuler chez la femme. La rhizarthrose débute en général vers l’âge de 50 ans. Elle peut également être secondaire à un traumatisme ou une fracture. Une autre forme fréquente d'arthrose est l'arthrose des doigts qui concerne les articulations des autres doigts.
Dans certains cas, la rhizarthrose peut être très bien tolérée. Dans d’autres cas, elle entraine des douleurs invalidantes dans la vie quotidienne et s’associe progressivement à une déformation en Z de la colonne du pouce. Un traitement médical ou chirurgical est alors indiqué.
Examen clinique
Le diagnostic d’une rhizarthrose se fait d’abord par l’interrogatoire et l’examen. Des douleurs sont retrouvées à la pression de la base du pouce ou lors de la manipulation.
On observe dans les formes plus évoluées une perte de l’ouverture de la première commissure ainsi qu’une déformation en Z avec hyper extension de l’articulation entre le premier métacarpien et la première phalange.
Un bilan radiographique est demandé pour confirmer le diagnostic d’une rhizarthrose.
La rhizarthrose est souvent une affection bilatérale (elle touche les deux pouces).
Traitement médical d'une rhizarthrose
Dans un premier temps, le traitement d’une rhizarthrose est habituellement médical. Des antalgiques ainsi que des anti-inflammatoires peuvent être prescrits.
Une attelle ou orthèse de repos peut être mise en place la nuit.
Une ou plusieurs infiltrations de corticoïde dans l’articulation peuvent être proposées afin de soulager la douleur.
En cas d’échec du traitement médical, une intervention chirurgicale est alors proposée aux patients. J’utilise essentiellement deux types d’opérations pour traiter une rhizarthrose : une trapézectomie – ligamentoplastie ou une chirurgie mini invasive par arthroscopie
Trapézectomie avec ligamentoplastie
En résumé :
- Durée : hospitalisation 1 nuit
- Anesthésie : régionale (seul le bras est endormi)
Indication :
La technique de trapézectomie avec ligamentoplastie est la plus fréquemment utilisée par le Dr Philippe Roure dans le cadre du traitement chirurgical de la rhizarthrose. Cette intervention permet d’obtenir un résultat définitif, avec disparition ou très importante amélioration des douleurs, stabilisation de la déformation, conservation des amplitudes, sans limitation des activités manuelles et sportives.
Le principe d’une trapézectomie
L'opération consiste à réaliser une incision sur le bord externe du poignet. L’os trapèze, dont la surface articulaire est usée et qui est déformé, est enlevé.
Une partie du ligament long adducteur du pouce, situé juste à côté, est alors prélevée afin de stabiliser la base du pouce et de servir « d’amortisseur ».
Suites de l’intervention :
Après ce traitement de la rhizarthrose par chirurgie, une immobilisation par attelle doit être maintenue pendant 6 semaines. D’abord en résine juste après l’intervention, cette attelle est ensuite remplacée par une attelle en résine moulée sur mesure. Cette attelle prend la base du pouce et du poignet, mais laisse les autres doigts libres. Les doigts peuvent être utilisés pour les gestes de la vie quotidienne sous couvert de l’attelle.
La rééducation débute après les 6 semaines d’immobilisation. Elle est nécessaire pour récupérer l’amplitude des mouvements.
Même si le patient peut récupérer progressivement l’usage de sa main après 6 semaines, le résultat définitif n’est généralement acquis qu’au bout de 6 mois environ, des douleurs de tendinite pouvant persister les premiers mois après ablation de l’attelle et le début de la rééducation.
Chirurgie mini-invasive par arthroscopie
En résumé :
- Durée : hospitalisation ambulatoire
- Anesthésie : régionale (seul le bras est endormi)
- Immobilisation : par attelle 2 à 3 semaines.
Indication
Cette solution chirurgicale mini invasive par arthroscopie peut être proposée dans les formes débutantes de rhizarthrose, douloureuses et invalidantes, insuffisamment améliorées par traitement médical.
Une opération arthroscopique est notamment indiquée chez les patients actifs qui ne peuvent être longtemps immobilisés.
Principe de l’opération
Deux courtes incisions de quelques millimètres permettent d’introduire une caméra et des instruments miniaturisés dans l’articulation entre le trapèze et le 1er métacarpien.
Les zones de frottement dans le secteur où le cartilage articulaire commence à s’user sont limées.
La capsule articulaire est ensuite retendue au niveau où elle se distendait. Les membranes inflammatoires sont enlevées.
Résultat obtenu
Après l’opération, une immobilisation de 10 à 15 jours est mise en place. Les gestes de la vie quotidienne peuvent ensuite être progressivement repris, éventuellement associés à un programme de rééducation.
L’amélioration par rapport à la situation préopératoire peut nécessiter 2 à 3 mois. Il faut savoir que le résultat n’est généralement pas définitif. En effet, le trapèze est conservé lors de l’intervention par arthroscopie.
En raison de la récupération rapide et des séquelles esthétiques minimes qu’elle permet, la technique arthroscopique peut être une alternative intéressante. Elle peut également permettre dans certains cas de reporter une intervention plus lourde sachant que le résultat peut se maintenir plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années.
Complications possibles après une opération de la rhizarthrose
Les complications après un traitement chirurgical de la rhizarthrose sont rares, mais toujours possibles.
- Le risque d’infection locale est rare, mais reste à considérer. En cas d’algoneurodystrophie, une main gonflée, douloureuse ainsi que des raideurs peuvent survenir. L’évolution se fait alors sur plusieurs mois. L’apparition d’une algoneurodystrophie est imprévisible, des séquelles à type d’enraidissement et de douleurs sont alors possibles.
- Des douleurs irradiantes sur le pouce ou remontant vers le poignet peuvent persister sur plusieurs mois. Ces douleurs sont à mettre en rapport avec des tendinites périphériques.
- Chez certains patients, la mobilité peut être difficile à récupérer et des douleurs peuvent persister.
- Une sensation de « fourmis » dans la main peut être observée avant ou après la chirurgie. Celle-ci est en rapport avec un syndrome du canal carpien. Notons que ce phénomène n’est pas provoqué par l’intervention : ce syndrome est associé initialement à l’arthrose du pouce elle-même.